France Lane / mon CV ici
J’aime puiser dans l’enquête de terrain, les interviews, la recherche documentaire et les richesses de ma langue, pour restituer et articuler des savoirs, des histoires, des territoires, dans une forme adaptée à un public particulier. Activer, en somme, une relation aux autres et aux sources pertinentes : ceux qui savent, ceux qui sont témoins. La rédaction, l’édition documentaire et la recherche iconographique sont comme autant de prismes de cette quête du sens.
À la fin des années 1990, mes études de Lettres semblaient m’orienter tout naturellement vers l’enseignement ; j’aimais passionnément la littérature; j’ai maudit Jean-Jacques Rousseau pour la note calamiteuse dont il m’a fait écoper à l’oral de l’Agrégation, malgré l’immense amour que je lui portais…
Quelques années plus tard, pourtant je l’ai remercié : ne pas avoir compris la dimension politique des Rêveries du Promeneur solitaire m’avait forcé à changer de voie. Et j’avais trouvé le pays de mes rêves dans l’édition. Plus précisément le documentaire illustré. Au sein de Gallimard Loisirs, j’ai découvert un métier rigoureux, artisanal et extrêmement polyvalent. L’équipe des Encyclopédies du Voyage m’a accueillie ; comme elle, j’ai retroussé mes manches pour me lancer dans la coordination d’ouvrages collectifs foisonnants et très illustrés.
À chaque titre, un nouveau territoire, de nouveaux interlocuteurs, une équipe à coordonner, des sujets à explorer. Au-delà du travail éditorial, ces missions m’amenaient à faire du terrain pour élaborer des synopsis et aller à la rencontre de spécialistes locaux. J’ai pris goût à être sur la route. Alors, lorsqu’une collection de guides de voyage « pratiques » s’est créée au sein du département, moi qui avais longtemps rêvé devant la 4e de couverture des guides du Routard, j’ai saisi l’opportunité pour accomplir un rêve d’enfant : devenir auteur de guides, de l’autre côté du miroir – côté écriture.
Avant que les smartphones n’existent, à un rythme sensiblement plus effréné que celui des Rêveries, ne quittant jamais mes carnets de notes, que je gardais serrés contre moi nuit et jour – y compris en discothèque –, j’ai, entre autres, descendu la péninsule de Basse Californie, arpenté en courant tous les sites mayas du Yucatan, testé entre 5 et 10 bars à tapas andalous par jour en m’efforçant de ne pas finir saoûle, appris à me diriger les yeux fermés dans la médina de Fès…
Depuis quelques années, comme je ne suis plus tout à fait un promeneur solitaire, j’expérimente d’autres voyages : moins lointains, souvent même sédentaires, mais je continue à porter cette double casquette rédaction/édition. De l’édition, j’ai développé un aspect que j’avais jusqu’ici admiré sans y toucher : la recherche iconographique. Et j’ai élargi mon domaine d’activité à la communication : toujours dans le domaine touristique et patrimonial ; et puis aussi dans celui de l’entreprise. Ce qui m’a permis de me rendre compte que ces rencontres de métiers, de personnes, d’univers professionnels variés étaient souvent aussi passionnantes que les voyages !
Une tranche de vie à l’étranger dans mon enfance, une famille anglo-française et la rencontre d’une traductrice officielle de Virginia Woolf pendant mes études : je n’ai jamais cessé de parcourir le chemin entre anglais et français. Depuis 2009, grâce à mon métier et mes connaissances dans le milieu éditorial, j’ai pu monter en compétence. Traduire, c’est avant-tout un exercice de français ; il faut aimer sa langue maternelle et aimer y fouiller. C’est un acte créatif et très gratifiant, je suis heureuse qu’il soit devenu une nouvelle corde à mon arc.